Allons Z'enfants!

Gérard Ruiz. Chilly 1990.

 

Allons Z 'enfants de la patrie,

Le jour de gloire est arrivé.
Vive la paix et l'harmonie,
Voici la nouvelle assemblée..

 J'ai un commerce magnifique,
Avec des clients fantastiques,
Qui prennent pour argent comptant,
Les boniments que je leur vends.
Je leur promets la réussite,
La vie meilleure, le bonheur vite,
Ils n'auront plus d'soucis d'argent,
Moins de travail et plus de temps.
Je sens que vous vous méprenez,
Je ne suis pas un charlatan,
Je suis quelqu'un de patenté,
Un personnage important !

 Mais ne cherchez - pas ma boutique,
Une étiquette me suffit,
Car moi je fais d'la politique,
C'est ma seule source de profit.
Je suis élu de la Nation,
j'ai la famille comme principe,
Ma femme, ma fille et mon fiston,
Feront partie de mon équipe.
Allons Z 'enfants, travaillez dur,
Il faut rembourser le passif,
C'est vous qui payez la facture,
Croyez-moi, c'est pas du fictif.

 Avec mes collègues députés,
On se retrouve régulièrement,
Pour chahuter à l'Assemblée,
Ca met d'l'ambiance, c'est plus marrant!
Mais attention, voilà qu'approchent,
Les élections, fini l'bon temps,
Il faut parler, faire du cinoche,
Et c'est gagné, ça marche tout l'temps!
On va vous donner de l'emploi,
On va vous offrir du crédit,
Si ça ne marche pas cette fois,
Ca s'ra pas notre faute pardi !

 Alors il faudra la sauter,
Serrer un peu votre ceinture,
Travailler plus, moins dépenser,
Et ne plus changer de voiture.
 Comment ça, vous ne voulez pas !
Vous voulez la révolution !
Mais alors là ! Excusez-moi,
L'article n'est plus de saison.
 Ce n'est plus Marx qui gouverne,
C'est l'économie de marché,
Les prolétaires à la lanterne,
Et vive la publicité !

 Allons, venez, messieurs, mesdames,
Je suis le marchand de bonheur,
Vous succomberez à mes charmes,

Vous deviendrez mes électeurs.

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