Blues à l'âme

Gérard Ruiz. Mai 1997

 Si l'on m'avait dit en naissant
Qu'un jour tout serait fini
J'aurais refusé sur le champ
De pousser mon premier cri
Mais voilà personne n'a rien dit
Surtout pas ceux qui savaient
Et j'ai continué ma p'tit' vie
Sans trop savoir où j'allais
Ouvre toi ouvre toi sésame
Sur mon premier bleu à l'âme.

 Si l'on m'avait dit qu'à vingt ans
L'amour fait plus d' mal que d' bien
J'aurais laissé tomber en courant
La fille qui m' faisait du bien
Mais voilà personne n'a rien dit
Surtout pas ceux qui savaient
Et j'ai continué les conn'ries
Sachant pas bien où j'allais
Touché au cœur par un' femme
J'ai gardé mon bleu à l'âme.

 Si l'on m'avait dit qu'à trente ans
Soumis au stress des cités
Je deviendrais chauve et bedonnant
Français moyen bien rangé
Mais voilà personne n'a rien dit
Surtout pas ceux qui savaient
Et j'ai stocké les calories
Sachant pas bien où j'finirai
Et sans trop faire de ramdam
J'ai caché mon bleu à l'âme

 Si l'on me disait maintenant
Ce qu'il faudrait faire demain
Je m'en fout'rais complètement
Continu'rais mon chemin
Mais voilà personne ne dit rien
Surtout pas ceux qui pourraient
J'aim'rais pourtant un coup de main
Car plus je vais moins je sais
Sinon que chaqu' homme ou chaqu' femme
traine toujours ses bleus à l'âme.

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